Leçons apprises de Vincent Foulonneau
18 avr. 2024

Il y a un an j’ai écouté pour la première fois Vincent Foulonneau dans un podcast avec Sean Seale de la chaine Upside strenght et mon prisme de réflexion sur le « sport » santé en a été bouleversé. Durant toutes mes années de coach d’athlétisme de compétition j’en étais resté à une tentative de compréhension « macro » du corps humain et Vincent m’a donné envie de mieux comprendre le fonctionnement cellulaire. En effet la santé de nos cellules détermine par des réactions en chaine celle de nos organes et donc de notre organisme tout entier, et à l’inverse des marqueurs biologiques au niveau de ces cellules permettent d’évaluer la façon dont un organisme vieillit bien ou mal.
Vincent est enseignant dans de nombreux domaines scientifiques (nutrition, physiologie, dopage, méthodologie scientifique ...) mais aussi chercheur spécialisé sur le vieillissement cellulaire et la relation âge - performance, auteur d’un savoureux roman mythologique et humaniste et enfin sportif de haut niveau dans le rameur indoor. C’est le professeur (et surement l’ami) que l’on a tous rêvé de croiser une fois dans sa vie, physicien de formation il a connu l’exigence et l’austérité de l’enseignement académique théorique mais sa pédagogie est tout autre, celle d’un conteur passionné, capable à force de métaphores toutes plus rigolotes les unes que les autres de vous initier à la complexité des sciences dites « dures ». C’est un peu comme un danseur de l’opéra qui gomme devant le public ébahi toute la difficulté de ses milliers d’heures de répétitions pour restituer un mouvement totalement fluide et d’une apparente facilité.
J’ai écouté tous les podcasts qu’il a enregistré avec différents invités et je tente ici de vous en livrer l’essence. Autant dire que mes capacités de synthèse (plutôt un point fort chez moi !) ont été mises en échec. Le domaine est d’une telle complexité (on parle ici d’interactions folles entre des milliards d’unités vivantes, de centaines de milliers de protéines et de bactéries) et surtout encore très mal compris et l’humilité doit nous servir de ligne directrice au moment d’écrire cet article qui sera peut-être partiellement caduque dans quelques années.
Pour comprendre ce que Vincent nous expose pourtant avec brio dans ces podcasts il m’a fallu me replonger dans mes cours de biologie, tout petit rappel avant d’aller plus loin juste pour planter le décor :
- Déjà rappeler que notre histoire d’être humain a commencé à partir d’une seule cellule contenant notre patrimoine génétique hérité de nos parents, née dans l’utérus de notre maman puis qui s’est divisée en 2 puis 4 , puis 8 puis 16, puis …des milliards et qui se sont regroupées pour se différencier et devenir les composants de notre corps (muscles, peau , sang, organes, cellules nerveuses …)
- Que chaque jours notre organisme fabrique des millions de nouvelles cellules qui viennent remplacer celles qui meurent (par un processus de division qui consiste à « fabriquer « deux cellules à partir d’une cellule initiale dite souche)
- Et enfin que chacune de nos milliards de cellules sont autant d’entités vivantes fonctionnant à la fois de façon autonome mais en total interaction et collaboration avec les autres cellules (ainsi chacune de nos cellules disposent à la fois d’un noyau contenant une duplication de notre code génétique, mais aussi de tous les éléments nécessaires à son bon fonctionnement ( organites différenciés et spécialisés soit dans la fabrication, le stockage et la réparation des protéines essentielles, le transport des substances à l’intérieur de la cellules , le maintien de l’équilibre homéostasique, le recyclage des « déchets», la destruction de substances étrangères dangereuses pour la cellule, ou encore l’auto production d’énergie nécessaire à tout ce fonctionnement …) Bref c’est totalement fascinant
Vincent nous apprend que l’on compte actuellement 12 marqueurs de vieillissement cellulaire plus ou moins fondamentaux (et que je n’aurais pas la prétention de résumer en quelques phrases, (ni la capacité !) allez écouter Vincent sur Health and performance avec Kevin Dumont). Pour ma pratique de coach sport santé j’en ai toutefois retenu les idées forces suivantes :
- Le rôle absolument central des mitochondries qui sont des organites dotés de leur propre code génétique et différent du nôtre (à la base issue d’une bactérie et qui a fini par vivre en symbiose avec nous) et les seules capables d’utiliser l’oxygène pour nous permettre de produire de l’énergie. (que le corps humain est fou !)
Surtout Vincent nous rappelle qu’en l’état actuel des connaissances la bonne santé mitochondriale est peut être le marqueur sur lequel nous avons le plus d’emprise et qui influence le plus positivement les autres marqueurs (à l’inverse une mitochondrie chroniquement stressée a le pouvoir de programmer carrément la mort de la cellule entière)
(Pour rappel, nous pouvons grâce à l’entrainement en endurance (basse et haute intensité ,voire mes articles sur le sujet) multiplier par 2 à 3 le contenu cellulaire en mitochondries ainsi que leur efficacité.
- Le rôle également central des 400 familles de bactéries qui composent la qualité de notre flore intestinale (j’étais assez peu conscient de ce point) et les chercheurs s’accordent à penser qu’il existe des compositions véritablement délétères de notre flore (en lien avec ce que nous mangeons ) qui vont activer des mécanismes d’accélération du vieillissement.
J’ai appris en outre que notre intestin était le site de production de 80 % de nos émotions
Vincent évoque forcément très souvent l’importance d’une bonne alimentation , le type d’alimentation qui semble actuellement faire consensus pour les scientifiques est la diète dite « méditerranéenne « riche en fruits et légumes, en oléagineux , en huiles essentielles , en épices …pour nous apporter des éléments essentiels comme les fibres , les polyphénols, les oméga3. Vincent aime à rappeler que l’être humain est fait pour manger de tout, il pense également que les préconisations données par l’OMS en terme d’apport protéiques sont insuffisantes surtout quand on fait du sport (au vu des besoins important en leucine)
- Vincent évoque également l’importance de l’épigénétique (autrement dit comment notre environnement, notre mode de vie, notre alimentation, notre niveau de stress… modifie l’expression de nos gènes en modifiant la façon dont notre ADN qui mesure 2 m de long est enroulé en « pelote » dans le noyau )
Ainsi les chercheurs définissent un âge épigénétique différent de notre âge biologique et pourraient prévoir assez précisément notre espérance de vie à partir de la mesure du taux de méthylation de notre ADN (Je suis loin d’avoir tout compris sur ce mécanisme) mais Vincent plus prosaïquement nous apprend qu’il existe des facteurs qui agissent très favorablement sur la ralentissement de cette méthylation qui sont l’activité physique régulière , une bonne alimentation, un bien être mental, une vie sociale et culturelle riche , un bon niveau d’éducation et de revenus (avec malgré tout des risques de biais méthodologiques possibles) . Il faut surtout retenir que notre mode de vie modifie réellement l’expression de nos gènes.
- J’ai enfin appris en écoutant Vincent à peut être reconsidérer la pratique intense de l’hypertrophie musculaire (mais aussi les volumes important de courses avec impacts répétés) qui en provoquant une casse musculaire importante et régulière accélère les mécanisme de divisions cellulaires de réparation et de ce fait raccourcissent prématurément la taille de nos télomères (encore une fois je n’entre pas dans le sujet, Vincent l’explique tellement bien !). Attention et pour ne pas générer de malentendus, Vincent rappelle l’importance absolue de l’entrainement de la force (et même de soulever lourd !) en particulier pour entrainer le système neuromusculaire afin de prévenir les maladies neurodégénératives.
- Enfin Vincent aime différencier les recommandations souvent minimalistes qui vise à atteindre un état minimal de santé pour ne pas tomber malade et celles plus exigeantes qui vise un état optimal de santé
Vincent nous entraine avec passion dans un monde véritablement fascinant, j’aurais à cœur à me tenir à la page et à creuser certains de ces sujets pour mieux les comprendre
