Formé dans les années 2000, J’ai travaillé plus de 20 ans à animer des formations avec des médecins du travail pour sensibiliser les travailleurs sur la prévention du mal de dos. Notre message était déjà orienté vers le mouvement mais notre conception me parait incomplète aujourd’hui.

Nous valorisions l’idée d’une colonne vertébrale qu’il fallait maintenir en position neutre et gainée à tout moment sous peine de menacer l’intégrité des disques et des structure nerveuses environnantes. Le mouvement devait venir du bassin qu’il fallait apprendre à mobiliser et tout effort de soulevé devait être reporté sur les membres inférieurs.

Depuis des études ont brisé des mythes bien établis (en particulier sur la notion de "bonne ou mauvaise " posture) , l’imagerie a montré de nombreuses limites et les neuro sciences ont pointé l’extrême complexité du ressenti douloureux.

Surtout la notion de mobilité s’est ajoutée à celle de stabilité pour définir un dos en bonne santé et les mouvements multidimensionnels de notre colonne vertébrale (flexion, extension, rotation et inclinaison) ont été réhabilités. Le yoga l’avait compris depuis si longtemps !

J’ai la chance de collaborer avec une médecin rhumatologue qui me dirige des patients avec une prescription de mouvements. Elle me sécurise car elle a bilanté ces personnes et exclus « les drapeaux rouges » (douleurs au dos qui pourraient être révélatrices d’une pathologie grave). Consulter votre médecin demeure la première chose à faire en cas de douleurs prolongées ou inhabituelles!

Place donc aux exercices mais lesquels ? Statiques - dynamiques ? ciblés sur le dos ou au contraire plus généraux ? Force ou plutôt endurance musculaire ?

Tout d’abord il est important de rappeler que le but des exercices physiques est avant tout de maintenir les fonctions motrices et d’améliorer la qualité de vie pour faire sortir les personnes du cercle vicieux : douleur -peur du mouvement – perte de capacités.

Espérer un réel remodelage des tissus parait un peu ambitieux chez des personnes peu actives, Toutefois les structures de la colonne vertébrale semblent répondre un peu mieux à des stimulations isométriques ou à des vitesses très lentes. Les situations de gainage seraient donc à privilégier en début de programme couplées avec des exercices de mobilisation lente de la colonne vertébrale dans toutes les directions en tenant compte des douleurs exprimées.

Réactiver (ou parfois désactiver ! ) des muscles clefs comme le transverse, le multifide lombaire, le carré des lombes ou encore le moyen fessiers est une piste encouragée par certaines études (avec l'idée sous jacente de reconnecter des liaisons muscles - cerveaux désactivées par le manque de mouvements) mais dans le même temps certaines études montrent également de bons résultats avec des programmes généraux d’activités d’endurance comme la marche, le vélo … ou encore le yoga.(surement grâce à des effets antalgiques plus généraux au niveau du système nerveux central )

Une fois de plus nous devons faire preuve d’humilité, nos exercices fonctionnent mais pour des raisons surement beaucoup plus larges que celles auxquelles nous pensons. Ce qui compte c’est de trouver des exercices et des formes de pratiques qui apaisent, rassurent et motivent chaque personne et ce qui fonctionnera pour l’une ne fonctionnera peut-être pas pour une autre

Finalement c’est ce qui fait toute la saveur de notre travail, s’il suffisait d’appliquer des programmes types pour tout le monde cela en deviendrait ennuyeux !