méthodologie de l'entrainement sportif et sport santé ? seconde partie
2 juin 2024

Je retiens de mon article précédent l’idée centrale suivante : il n’y a pas de logique d’entrainement sans un objectif préalable …mais à partir du moment où il y a un objectif alors la question de la méthode et des principes d’efficacité du processus mis en place pour atteindre cet objectif vont se poser. Et c’est là je pense que les éducateurs sport santé devons être aussi rigoureux que les entraineurs de compétition.
Je pense donc que le respect des principes séculaires d’entrainement s’impose à nous (à l’exception peut-être d’un d’entre eux !) et doivent guider notre façon de travailler. Cette rigueur nous oblige vis-à-vis des personnes que nous accompagnons et qui nous font confiance mais aussi des professionnels de santé avec qui nous collaborons.
Bien sur il va falloir adapter ces principes à la psychologie, à l’histoire et aux capacités des personnes malades ou éloignées depuis longtemps de la pratique « sportive » et cela commence tout d’abord par une étape incontournable (que n’a pas à expérimenter en général l’entraineur de compétition), celle de devoir (re) donner confiance à la personne et lui faire éprouver le plaisir du mouvement.
Cette étape peut être très longue et me parait impossible à périodiser et à prévoir mais elle est totalement essentielle pour envisager une véritable suite car comment s’engager dans une démarche continue sans le moindre plaisir et comment se fixer un objectif si on doute profondément de ses propres capacités?
C’est cette étape que j’appelle le bloc 0 (et que je cherche depuis un an à conceptualiser ) et effectivement ce n’est pas de l’entrainement physique au sens commun du mot , l’enjeu étant d’éveiller progresIvement un être humain à la conscience de son corps et d’amorcer des changements durables d’habitudes de vie.
Durant cette étape un entraineur issu de la culture de la compétition peut se retrouver en difficulté car il faut posséder des compétences spécifiques : les savoir être profonds de l’écoute, de la bienveillance, de l’adaptation permanente et d’une très (très ) grande imagination …ainsi que le savoir-faire minutieux du Pacing (démarche qui consiste à identifier pour chaque personne le plus petit stimulus de départ efficace mais non générateur de complications (en laissant de côté tout ce que les sportifs de compétition nous ont appris sur l’adaptation du corps à l’effort)
Durant cette étape nous ne faisons bouger les personnes effectivement que pour le plaisir du mouvement, ce plaisir pouvant venir des sensations ressenties et surtout du cocon de bienveillance que nous tissons autour de la personne …mais dans le durée ??
Il va être très important de ne pas créer une dépendance affective et finir par ancrer la motivation à bouger sur des « inducteurs » plus durables et profonds (un inducteur est une cause primale d’un processus) et c’est là que la notion d’objectif et de plaisir durable vont enfin se poser
Chaque séance va être l’occasion de progressivement affiner l’objectif (qui pour être motivant doit à la fois être challengeant mais apporter un fois atteint un vrai plus pour la personne en matière de qualité de vie quotidienne) , la personne doit pouvoir être fière de ce qu’elle a réussi à faire (ou à refaire) , elle doit sentir sa capacité de santé s’agrandir et ses restrictions diminuer …Des projets fous au départ doivent redevenir atteignables et les notions d’âge chronologique et d’âge biologique doivent se différencier dans la bonne direction
Alors nous y voilà ! une fois l'objectif formalisé et discuté avec la personne , nous voici devenus de véritables entraineurs sportifs et les principes séculaires de l’entrainement doivent devenir nos boussoles car nous voici dorénavant investi d’une obligation de résultats, aussi nous devons régulièrement nous soumettre à ces questions permanentes:
Personnalisons nous assez l’entrainement : les mises en places, les exercices sont-ils vraiment adaptés à chaque personne prenons nous vraiment le soucis de recueillir les ressentis subjectifs, sommes -nous suffisamment observateur et à l’écoute ?
Nos contenus sont-ils vraiment progressifs ? avons-nous véritablement réfléchi à une logique de progression ? avons-nous bien identifié les paliers et les prérequis de franchissement de ces paliers ?
Nos contenus sont-ils suffisamment variés ? nous soucions nous des ressentis de fatigue et de monotonie ? comment organisons -nous la juste balance entre routine sécurisante et apport de nouveautés
Et surtout nos « athlètes du quotidien « en font ils assez pour atteindre leur objectif ? ; parviennent ils à s’entrainer plus souvent et régulièrement et ce sans notre présence ? Que mettons nous en place pour cela ? , comment organisons nous leur autonomie ?
Autant de questions qui à mon sens doivent nous stimuler et font toute la valeur et l’intérêt de notre métier de relation humaine
Pour conclure je pense qu’il n’y a qu’un principe que l’on peut mettre de côté celui de la spécificité car l’entrainement pour la santé se caractérise par sa dimension hautement holistique et c’est là que d’autres traditions millénaires doivent forcément nous intéresser les approches orientales qui n’ont jamais séparées les santés du corps et de l’esprit
J’ai conscience que ce sujet passionnant pouvait mériter une réflexion bien plus argumentée et approfondie (voir faire l’objet d’un livre tout entier ) je m’arrête là pour l’instant et pourquoi pas un livre d’ici une dizaine d’année (émoji rigolote)
